A la fin du XVIIIe siècle, la France est en crise. La monarchie est très endettée. Le peuple, influencée par les idées des Lumières et la réussite de la Révolution américaine, revendique de plus en plus de prendre part aux décisions politiques et réclament la tenue des Etats généraux. Un processus révolutionnaire va alors se mettre en marche. Celui-ci va bouleverser l’organisation politique et la société en France. La France comme l’Europe va être transformée par cette période. L’Empire, qui domine le Vieux continent, tout en mettant fin à la Révolution, va poursuivre l’œuvre novatrice de la Révolution.
Désireux d’affirmer les grands principes de la Révolution, les députés de l’Assemblée constituante rédigent dés l’été 1789 la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC). Elle s’inspire à la fois de la pensée des Lumières et des révolutions anglaise (1688) et américaine (1776).
Discutée entre le 20 et le 26 août 1789, la DDHC est adoptée par l’ensemble des députés et définit un ensemble de principes reposant sur les droits de l’homme, l’égalité civile, la souveraineté nationale et l’élection au suffrage censitaire d’une Assemblée dont le rôle est d’établir les lois. Le Roi conserve un droit de veto sur les affaires de l’Etat.
En quelques mois, de mai à août 1789, la monarchie absolue s’est effondrée en France.
Mais la monarchie constitutionnelle échoue en 1792 et la République lui succède sous la Convention élue au suffrage universel. D’un coté les députés girondins modérés veulent terminer la Révolution afin de conserver les conquêtes politiques de 1789, les sans-culottes soutenus par les députés montagnards et leur chef Robespierre, cherchent au contraire à étendre politiquement et territorialement la Révolution. La France entre dans un cycle de violences. Guerres civiles (Terreur à Paris, Guerre de Vendée) et guerre extérieure (contre les monarchies européennes) mettent la Révolution en péril, après 1794. En raison de l’instabilité politique, la Convention et le Directoire échouent dans leur tentative d’établir un ordre révolutionnaire.
Le général Bonaparte prend le pouvoir par un coup d’Etat le 18 Brumaire de l’an VIII (1799) après avoir dirigé les campagnes d’Italie et d’Egypte lors des guerres révolutionnaires. Premier Consul puis Empereur (1804) il stabilise le pays en instaurant la paix et concentre le pouvoir entre ses seules mains tout en s’appuyant sur une partie de l’héritage de la Révolution. Il poursuit la modernisation administrative en créant le Code Civil qui affirme les notions de liberté et d’égalité de la DDHC. Le Franc Germinal et la Banque de France assurent la stabilité économique. La création des lycées, du Baccalauréat et de la Légion d’honneur confirme que la valeur des français repose maintenant davantage sur le mérite et le talent que sur la naissance et les privilèges.
Ces réformes appliquées dans l’ensemble des territoires qui font partie de l’Empire permettent la diffusion des idées révolutionnaires. En effet la politique extérieure de conquêtes de l’empereur agrandit considérablement le territoire français et instaure un système d’alliances familiales ou amicales sur une grande partie de l’Europe.
La conquête napoléonienne s’est arrêtée en Russie en 1812, sa « Grande armée » est alors défaite. Les représentants des Etats européens se retrouvent à Vienne en 1814 pour discuter du nouvel ordre européen. Ils aspirent à une Restauration de la situation politique et territoriale antérieure à la Révolution.
Louis XVIII, frère de Louis XVI monte sur le trône en 1815, les frontières de 1789 sont rétablies.
La « Sainte Alliance » des monarchies russe, autrichienne et prussienne veille au retour à la paix en Europe, cependant le processus de réforme des sociétés entrepris par Napoléon et la diffusion des idées de la Révolution sont en marche.
Après la Révolution et la chute de l’Empire, l’Europe doit se réinventer. D’abord, c’est un retour à la restauration monarchique. Restauration : On parle de restauration monarchique. En France, c’est le nom donné à la période après la chute de Napoléon Ier avant qu’une seconde restauration ne commence après Waterloo. C’est un rétablissement, un second souffle pour la monarchie. Mais certains idéaux de la Révolution et de la période impériale vous s’exacerber. Entre restauration et révolutions, va progressivement se dessiner une Europe des peuples.
Après la chute de Napoléon, c’est Louis XVIII, frère de Louis XVI, qui rétablit la monarchie en France en 1814. Il instaure une monarchie constitutionnelle (charte de 1814) qui, tout en rétablissant la monarchie, assure un certain maintien de l’héritage révolutionnaire. Néanmoins, il y a un certain retour à l’ordre ancien : le suffrage censitaire limitant l’électorat aux plus riches, une majorité royaliste se dessine (Ultras = « plus royaliste que le roi »). Une période dite de Terreur blanche est marquée par des violences royalistes revanchardes.
Charles X, qui succède à son frère en 1824, donne un accent encore plus réactionnaire au régime (renoue avec le sacre, donne plus de place à l’Eglise, suspend la liberté de la presse).
De sept 1814 à juin 1815, les grands souverains et diplomates européens se réunissent au Congrès de Vienne. Les décisions sont largement inspirées du diplomate autrichien Metternich. L’Autriche, la Prusse et la Russie annexent de nombreux territoires. Deux Etats tampons (Pays-Bas et Piémont Sardaigne) sont crées pour se prémunir de toute ambition française.
Les anciennes monarchies sont rétablies dans leur pouvoir (France, Espagne,...).
Le Congrès de Vienne est aussi un renouvellement des règles diplomatiques: On peut dire qu’il donne naissance au concert européen. Il s’agit de la recherche d’un équilibre entre les puissances, notamment pour empêcher la France de dominer l’Europe. Les gains territoriaux des puissances sont entérinés par le congrès, et non plus obtenus par la force. Emerge aussi une sorte d’alliance entre puissance européenne pour défendre la paix : la Sainte alliance puis la Quadruple alliance engagent l’Autriche, la Prusse, la Russie, le R-Uni et bientôt la France à réprimer toute menace révolutionnaire et à tenir des congrès régulièrement. On peut y voir la naissance d’un sentiment commun européen, du moins chez les élites.
Le Congrès de Vienne a redessiné l’Europe mais il a n’a pas tenu compte des revendications de plusieurs peuples et a ignoré l’émergence du sentiment national.
Un courant libéral, incarné notamment par les romantiques tel le peintre Delacroix, se développe. Il est hostile à l’ordre de Vienne et favorable à l’autodétermination des peuples. Dans l’empire ottoman, les Grecs réclament l’indépendance. La réaction ottomane conduit à des scènes de massacres (Chios en 1822). L’opinion est touchée par ce qu’il s’y passe et un courant philhellénique se développe chez les élites européennes. Ils obtiennent leur indépendance en 1830.
Le mouvement révolutionnaire de 1848 est surtout motivé par les frustrations issues du Congrès de Vienne. Demande droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, aspiration à plus de libertés dans des régimes autoritaires mais aussi réformes sociales dans un contexte de difficultés économiques.
Les révolutions en France et en Autriche provoquent une réaction en chaîne. Le mouvement gagne l’Allemagne, l’Italie, et les peuples de l’Empire autrichien.
Si certains concèdent des constitutions plus libérales (ex : assemblée constituante élue au suffrage universel par les Allemands), cette victoire est illusoire.
En effet, les révoltes sont matées par une répression violente.
En Autriche, la résistance hongroise est vaincue et les révoltes de Prague et Vienne sont réprimées. En Italie, les républicains sont chassés et le Pape retrouve son autorité. Mais cette révolution a laissé entrevoir la fragilité des gouvernements en place.