Chapitre 1 :

Le temps des dominations coloniales

Au cœur de l'histoire sur Europe 1, "L'Empire colonial français", émission du 1er février 2013

Franck FERRAND reçoit :
- Dimitri CASALI, Historien, auteur
- Daniel LEFEUVRE, Historien

Colonisation et décolonisation, le cas français.

Documentaire français de Marc Walter, diffusé sur France 5 en 2006.


I. La puissance de l'Empire colonial français

1931 (exposition coloniale de Paris) l’Empire français c’est :
  • Superficie de 12 000 000 km²
  • Population : 110 millions d’habitants
  • 2e empire après GB
Des statuts coloniaux divers :
  • Colonie de peuplement  (depuis 1848) 3 départements français en Algérie
  • Protectorats : Maroc et Tunisie
  •  Colonies d’exploitation : AOF, AEF, Madagascar, Indochine.
Une « mission civilisatrice » :
  • Justification de la colonisation par : Pacification, instruction, « moralisation »(judéo-christianisation), ouverture de dispensaires et maternités.
  • Réels progrès démographiques et économiques mais à quel prix ?
  • Naissance d’unités urbaines dans des régions jusqu’alors rurales. Même organisation : quartiers centraux blancs, européens, propres et organisés ; quartiers périphériques : bidonvilles insalubres destinés aux indigènes.

II. Un système injuste

Exploitation ou mise en valeur ?
  • Création de réseaux commerciaux (comptoirs, réseaux de transport).
  • Colonies productrices de matières premières = cultures d’exportation se font au détriment des cultures de subsistance  = désorganisation des sociétés locales 
  • Appropriation des terres par les colons
  • Travail forcé
Modification des structures sociales
  • Bouleversement au niveau de la culture : missions religieuses catholiques ou protestantes ébranlent les croyances ancestrales.
  • Renversement des pouvoirs traditionnels :
  •  Enseignement = apparition d’une catégorie de privilégiés mais toujours citoyens de seconde zone.
  • Bourgeoisie et aristocratie indigène peut s’affirmer économique et culturellement mais pas politiquement.

Les classes dominantes indigènes se partagent alors en 2 groupes : favorable à l’assimilation ou favorable à l’indépendance.

III. Un édifice qui se fissure

L’anticolonialisme en Europe :
  • Economiquement : politique coloniale est jugée trop couteuse par les libéraux.
  • Moralement : certains religieux dénoncent la cruauté des administrateurs coloniaux et leurs profits.
  • Reste très rare dans la classe politique, exception faite du parti communiste.
Les résistances locales :
  •  Apparition des premiers groupes nationalistes dès les années 1920.
  • Indochine : PCI (parti communiste chinois) fondé par Hô Chi Minh exige un statut de dominion (colonie britannique administré sur le mode de l’association).
  • Maghreb : affirmation nationale contre la domination européenne : révoltes au Maroc dans le Rif ; création du mouvement de l’Etoile nord-africaine de Messali Hadj en Algérie.

Ci-dessus le site internet incontournable à aller consulter pour approfondir le chapitre et trouver des exemples originaux à utiliser dans une composition.

Chapitre 2 :

La Décolonisation

I. La guerre d'Algérie

A) Une guerre de décolonisation

Le contexte de l'après guerre :
  • France affaiblie
  • Etats-Unis ; URSS ; ONU favorables aux décolonisations
  • Exemple de l'Inde décolonisée des 1947
La société algérienne :
  • Français d'Algerie : 800 000 ; dominent la société et l'économie.
  • Juifs et élites musulmanes : ont la citoyenneté et s'intègrent au groupe dominant.
  • Algériens musulmans (9 millions) sont majoritaires mais ont moins de droits.
La chronologie d'une guerre violente :
  • 1954 mobilisation puis attentats du FLN (Toussaint rouge). Armée envoyée sur place pour maintient de l'ordre.
  • 1956 : envoi du contingent.
  • 1958 : fin de la IVe République, le général de Gaulle revient au pouvoir grâce à la pression des Pieds-noirs et de l'armée (il est "l'homme providentiel"), il propose l'auto-détermination.
  • 1959 : l'auto-détermination est décidée, l'armée s'y oppose.
  • Avril 1961 : putsch des généraux à Alger.
  • 18 mars 1962 : accords d'Evian. Les pieds-noirs et une partie des harkis échappent aux massacres du FLN et sont rapatriés en urgence.

B) Une guerre qui ne dit pas son nom

Remise en question de l'Empire :
  • 1945 la France souhaite rétablir sa place à l'internationale grâce à l'Empire colonial.
  • 1946-1954 : guerre d'Indochine échec cuisant de l'armée française. (Cuvette de Dien Bien Phu)
  • Algérie est un double enjeu : unique colonie de peuplement, orgueil de l'armée est en jeu.

Une opinion publique divisée :
  • Le PCF est anticolonialiste désolé le début de la guerre, c'est le seul parti anticolonialiste au début de la guerre. L'extrême droite soutient l'OAS et l'armée.
  • La guerre est impopulaire des l'envoi du contingent.
  • Mobilisation d'une certaine "résistance française" : porteurs de valises ou intellectuels engagés (mais censurés ) voir le "Manifeste des 121" (1960).

Les crimes de guerre :
  • Civils (pieds-noirs comme musulmans) victimes des attentats et des combats (bataille d'Alger, 1957).
  • L'armée use et abuse de la torture et comte des crimes de guerre.
  • Réaction de l'Etat : censure (État d'urgence), interdiction de parler de guerre ("événements d'Algerie" ; "opérations de maintien de l'ordre").
  • A Paris, les manifestations pro FLN sont réprimées très violemment (17/10/1961 et 8/02/1962).

C) Les conséquences de la guerre

Passage d'une République à une autre :
  • 13/05/1958 : armée remet en cause la politique algérienne de la IVe République (incapable de prendre une décision définitive sur le sujet).
  • De Gaulle est rappelé de sa retraite à Colombey, fait adopter par référendum la constitution de la Ve République (1958) puis pas un autre référendum organisé l'auto-détermination.

 Les pieds-noirs :

  •   Rapatriement organisé par l'Etat dès le printemps 1962, ils sont installés dans les banlieues des grandes villes à l'intérieur des nouveaux grands ensembles. Ce voyage est perçu comme un déchirement pour des familles qui généralement ne connaissent rien à la métropole.
  • Massacre des harkis qui ne quittent pas l'Algérie. Ceux qui réussissent à traverser la Méditerranée ne sont pas reçus décemment en France, parqués dans des camps ils ne recevront que tardivement nationalité et reconnaissance.

II. Les décolonisations : un mouvement global

A)Les décolonisations négociées

L’Inde prépare sa décolonisation dés l’entre deux guerres, le parti du Congrès dirigé par Gandhi cherche par l’organisation de manifestations pacifiques et de grèves à obtenir l’indépendance. Ce sera chose faite dés 1947. Nehru, un des premiers dirigeants du pays après Gandhi prend la tête des pays non alignés et fait parti des penseurs du Tiers monde à la conférence de Bandung.

 

Dans la plupart des pays africains, l'indépendance est octroyée sans vio­lence après négociations et dans le cadre d'accords. Le Ghana, dirigé par Nkrumah, est le premier pays noir indépendant et son leader prêche l'unité africaine (1957).Dans sa foulée, la plupart des colonies anglaises (Nigeria, Gambie...) obtiennent l'indépendance mais restent attachées à l'Angleterre grâce au Commonwealth.

 

L'Afrique noire française (Mali, Côte d'Ivoire, Sénégal...) envisage une forme d'autonomie et non l'indépendance. A partir de 1956, la loi-cadre Defferre permet le transfert de la souveraineté aux anciennes colonies : en 1960 les territoires de l'AEF et de l'AOF sont indépendants.

 

Les colonies italiennes (Libye, Somalie) confiées à l'ONU deviennent indépendantes en 1951 et I960.

 

Le Congo belge : une négociation qui tourne à la guerre civile

 

La colonisation n'engendra pas l'émergence d'une élite et maintint une séparation entre les ethnies. À la fin des années 1950, le Congo se trouva dépourvu de personnel pour prendre la suite des Belges.

 

Bâclée, l'indépendance octroyée en 1960 laisse un pays divisé. Patrice Lumumba, Premier ministre (assassiné en 1961), partisan d'un pouvoir centralisé, doit faire face à la sécession du Katanga, riche province minière, qui se termine en 1963 après une guerre civile terrible. En 1964, le général Mobutu prend le pouvoir.

 

L'ensemble de ces décolonisations donne naissance à de « nouveaux » pays qui reprennent exactement les frontières issues de la colonisation qui sépa­raient ethnies, langues ou religions, sources évidemment de multiples contestations (le Sahara occidental) ou de guerres (Tchad, Nigeria...).

 

B) Les décolonisations violentes

 

Certaines indépendances ont été plus difficiles et sanglantes essentiellement sur des territoires où la population européenne était nombreuse (Algérie, Kenya).

 

Les indépendances du Maroc et de la Tunisie sans être d'une violence extrême furent tendues (exil de Mohammed V, terrorisme et représailles) et obtenues en 1956.

 

Au Kenya, l'Angleterre doit faire face au soulèvement sanglant des Mau-Mau en 1952 contre les «collaborateurs noirs» d'abord puis contre les Blancs. Il fut violemment réprimé. Indépendance en 1963.

 

L'Algérie, colonie de peuplement, où résidaient 1 million de Français (les pieds-noirs) entre le 1er novembre 1954 dans une guerre longue pen­dant laquelle la position de la métropole évolue de l'intransigeance à l'iné­luctable indépendance (accords d'Évian en 1962).

 

C) De 1965 à nos jours : décolonisation tardives et "inabouties"

 

Le Portugal du dictateur Salazar conditionne la survie de son régime au maintien de l'Empire. L'Angola et le Mozambique deviennent indépendants en 1975 après plusieurs années de guérillas sanglantes (la rébellion avait commencé au début des années 1950 en Angola et en 1962 au Mozambique). Ces indépendances sont liées à la «révolution des œillets» de 1974 qui renverse Salazar.

 

La situation en Afrique australe présente cette originalité que le mou­vement de reprise de la colonisation est le fait des colons eux-mêmes en opposition avec leur métropole. La Rhodésie du Sud, après avoir réprimé des mouvements nationalistes, déclare unilatéralement son indépendance en 1965 au profit d'une mino­rité blanche sans l'accord de Londres qui refuse d'intervenir. Résistant 15 ans à toutes les pressions, la Rhodésie ne cède qu'en 1979 et en 1980 elle devient le Zimbabwe.

 

La Namibie est officiellement le dernier pays à obtenir son indépen­dance en 1990, en se libérant de la tutelle sud-africaine, vieille de 70 ans.

 

En Union sud-africaine, les dirigeants blancs établissent une législation instituant l'apartheid à partir de 1948. Ce sont donc les colons blancs qui maintiennent un système «colonial» sur la majorité noire. Ces mesures ne prendront fin qu'en 1991 et Nelson Mandela, opposant longtemps empri­sonné, devient président en 1994.

 

Une décolonisation totale ?

 

«L'essence du néocolonialisme tient à ce qu'un Etat qui est indépen­dant en théorie [...] a en réalité sa politique dirigée de l'extérieur», écri­vait en 1965 Kwame Nkrumah.

 

Si les pays africains sont aujourd'hui tous indépendants, ils entretien­nent des relations très étroites avec leurs anciennes métropoles : écono­mique (le cours du franc CFA décidé par la France), politique ou militaire (opération Licorne en Côte d'Ivoire en 2003).