Le passé laisse des traces susceptibles d’unir ou de diviser les hommes.
Sur un moment sombre comme la Seconde Guerre mondiale, les mémoires peuvent être douloureuses, occultés, passionnées, partielles ou officialisées.
Dans tous les cas, ce sont des discours, des représentations subjectives du passé, ainsi on distingue histoire (objective) et mémoire (subjective).
Le travail de l’historien est multiple sur les mémoires de la Seconde Guerre mondiale :
- relecture du conflit avec la mise en lumière des faits occultés.
- examine les différentes mémoires, relève les oublis et met en évidence le discours, le projet.
- Examine la place de ces mémoires (rôle du pouvoir, lobby)
- Prise de distance avec les débats publics.
Travail à partir du discours de Malraux pour l’entrée au Panthéon de Jean Moulin
Notions abordées : unité nationale, résistancialisme, amnistie
u sortir de la Seconde Guerre mondiale, les frança
is et sa classe dirigeante veulent
en finir avec la guerre et restaurer l’unité nation
ale.
En 1945, après une phase d’épuration, le mythe
résistancialiste
s’impose : tous
résistants ! Deux mémoires entretiennent ce mythe d
e la France résistante : la mémoire
gaulliste et la mémoire communiste. L’
amnistie
des fonctionnaires permet de faier oublier la
collaboration, au moins en facade.
La mémoire gaulliste préfère gommer les clivages p
olitiques et insister sur une vision
unificatrice qui trouve son paroxysme avec le trans
fert des cendres de Jean Moulin au
Panthéon en 1964. La même année est crée le Concour
s de la Résistance.
La mémoire communiste insiste sur l’action centrale
du PCF dans la résistance et
prend le surnom de parti des 75 000 fusillés alors
que les historiens estiment à 30 000
Français le nombre de fusillés (tous n’étaient pas
communistes) par l’occupant pendant la
guerre.
- thèse du glaive et du bouclier : R. Aron
- le grand silence
Certaines mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont étés occultées en France .
- Les soldats français de 1940 : A la différence des soldats de 1914, les hommes mobilisés en 1939 ne sont pas victorieux des allemands ; après la débâcle 2 millions d’entre
eux sont faits prisonniers. Si leurs noms ont étés ajoutés aux monuments aux morts ils restent toujours en retrait par rapport aux héros de Verdun ; pourtant : 90 000 morts et 120 000 blessés
sont décomptés pour la seule période de 1939-1940.
- Les Malgré- nous : l’Alsace et la Moselle sont annexées par l’Allemagne en juin 1940 ; en 1942 les jeunes hommes naturalisés allemands contre leur volonté sont enrôlés dans la Wehrmacht
et envoyés sur le front de l’Est mais aussi en France. Les volontaires, qui intègrent les unités SS sont confondus avec les enrôlés de forces dans la mémoire collective. En 1944 (10/06), 13
d’entre eux membres de la Division Das Reich participaient au massacre d’Oradour sur Glane (644 civils assassinés). Condamnés (Procès de Bordeaux) en 1953 ils seront amnistiés.
- Le STO : Les travailleurs du STO mis en place en 1943 se sont parfois comparés aux déportés mais fustigés par ceux qui s’étaient enfuies ou cachés ils sont considérés comme des lâches.
- Les déportés raciaux non juifs : Les tsiganes sans tradition écrite ont du mal à faire entendre leur mémoire, encore considérés par certains comme apatrides aujourd’hui ils gardent un
statut de nomade qui les dessert, l’Etat français continue à l’heure actuelle à ne pas communiquer sur cette question. Doc 5 p 23.
- Les autres déportés et victimes (ni raciaux ni politiques) : homosexuels et handicapés : des minorités toujours peu commémorées aujourd’hui.
Enfin que dire des enfants des Lebensborn ...
- Le procès Eichman :
- Crée l’émotion et met fin au "grand silence".
- Eichmann est au coeur du dispositif génocidaire, a laissé des mémoires (prise de notes : pour réfuter les preuves et prenant des notes lors de la déposition des témoins).
- Ce procès permet aux historiens de connaitre de nombreux aspects du processus de destruction des Juifs d’Europe : shoah par balles, camion à gaz, chambre à gaz...
- Le chagrin et la pitié
- Paxton : (Manuel p 26 document 6)
Les années 70 vont marquer un tournant dans le travail des historiens de la 2nde ww avec l’apparition des "assassins de la mémoire" nommés ainsi par l’historien Vidal-Naquet.
En 1978 dans l’Express, Darquier de Pellepoix ancien commissaire aux affaires juives sous le régime de Vichy, affirme qu’à Auschwitz "on n’a gazé que des poux". L’article fait scandale et
dévoile au grand jour les théories négationnistes. Jusqu'alors aussi peu médiatiques que les mémoires elles mêmes.
Vichy, un
passé qui ne passe pas : est un livre écrit par Rousso et Conan, journalistes français.
- Il montre la persistance du mythe du résistancialisme chez les élites politiques comme François Mitterrand qui refusait de reconnaitre la responsabilité de la France dans la solution
finale.
- La Résistance c’est De Gaulle ; De Gaulle c’est la France donc la résistance c’est la France. Une équation fausse que le général avait lui même forgé pour garantir une place à la
France dans le nouvel ordre mondial.
- Cependant le livre montre aussi une résistance plus complexe notamment par la présence d’une vichysto-résistance (expression de Jean Pierre Azéma) : personnages ayant soutenu
Vichy et combattu les Allemands.
- Ce livre montre aussi l’intervention de l’Etat dans la dissimulation des années noires de l’occupation. Par ex dans Nuit et brouillard (film d’Alain Resnais en 1956)le képi du gendarme français surveillant le transit des juifs vers les camps de la mort est dissimulé
par une poutre.
Un article
très intéressant qui cite de nombreux historiens et philosophes.